« En travaillant dans la forêt, nous rêvons à une utopie et à une action sans limite (c’est illusoire je le sais) et notre attitude est celle de la Recherche de l’Acte Gratuit et Inutile. Et nous sommes très heureux comme ça, pourvu que personne ne nous empêche de travailler (comme des fous – ça va de soi). » Voilà ce que Jean Tinguely disait de son projet collectif, une tête de cyclope de 22 mètres de haut, créé sans architecte et seulement avec de la récupération au coeur de la forêt de Milly près de Fontainebleau. Ce travail de longue haleine dura 25 ans, entre 1969 et 1994, et est le fruit de la rencontre et de la création collective d’une équipe d’artistes au confluent des mouvements Dada, Nouveau Réalisme, Art cinétique, Art brut. Beaucoup y ont laissé une trace : Tinguely et sa compagne, Nikky de Saint Phalle, Spoerri, Arman, Cesar, Soto, etc. Dans cette tête de cyclope, on pénètre et on parcourt au cœur d’un dédale artistique et mouvementé (qu’il est interdit de prendre en photo). D’un coup, la tête prend vie, et de l’action d’une manivelle, les méninges du cyclope s’animent, l’oreille bouge. Sur le toit du Cyclope, une lame d’eau reflète le ciel bleu, hommage à l’ami Yves Klein, parti trop tôt. C’est passionnant, c’est utopique, c’est magique, c’est généreux ! de l’Art, du vrai, pour tous, pour surprendre au milieu de nulle part ! On aime et on en redemande !  La tête du cyclope est l’oeuvre de Niki de Saint-Phalle, la compagne de Jean Tinguely. Elle est en ce moment en rénovation. Elle servait de toboggan aux enfants des artistes pendant leur temps de création sur place. Le mètre de Jean-Pierre Raynaud indique plus de 22m de hauteur !

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